Prospections/Fouilles

Saint-Stéphane, Qadisha (Liban)

Le 6 juin 2011, lors d’une prospection des membres du Groupe d’Études et de Recherches Souterraines du Liban (G.E.R.S.L.) dans la vallée de Qadisha, ils ont découvert une caverne, jusqu’ici inconnue des
habitants ; ils l’ont baptisée « Ermitage Saint-Stéphane ». 

Note sur la céramique de l’Ermitage Saint-Stéphane, Qadisha (Liban)
Grace Homsy-Gottwalles
 
La quantité de matériel céramique recueilli lors de la prospection d’une caverne baptisée « Ermitage Saint-Stéphane », dans la vallée de Qadisha, effectuée par une équipe du G.E.R.S.L. (Groupe d'Études et de Recherches Souterraines du Liban), est relativement ténue : 6 fragments de céramique, un fragment de carrelage et une pierre perforée.

Cependant, l’identification de ces céramiques s’est révélée très intéressante. La sigillée orientale A, Eastern Sigillata A, constitue l’ensemble le plus significatif du point de vue quantitatif. Celui-ci comprend deux fragments représentatifs (bases) : un bol (fig. 1-MAU.3879) qui correspond à la forme Hayes 22, et une coupe à profil complet (fig. 1-MAU.3880) qui trouve un parallèle dans la forme Hayes 4A ; ainsi que deux tessons informes de coupes dont l’état fragmentaire ne permet pas une reconstitution complète (fig. 1-MAU.3881 et MAU.3882). Cet ensemble de sigillées orientales est à dater de la fin du IIe s. av. J.-C. à l’an 10 apr. J.-C.  (1)

La sigillée orientale A apparaît vers le milieu du IIe s. av. J.-C. en Méditerranée orientale. Cette céramique moulée se caractérise par une pâte calcaire, de couleur jaune clair ou beige, couverte d’un vernis de couleur rouge, normalement résistant et brillant, mais qui peut s’écailler sur les objets non soignés ; une bande de teinte plus sombre, produite par l'immersion successive de la céramique dans l'engobe, peut apparaître sur la sigillée orientale A. La coupe MAU.3880 de notre matériel présente les traces de cette double immersion. L’origine de cette production demeure incertaine. Toutefois, une provenance levantine (Chypre, Liban, Palestine, Syrie) reste la plus probable. (2)

La prospection a également livré un fragment de base d’unguentarium datant du Ier siècle av. J.-C. (fig. 1-MAU.3884), et un fragment de base d’amphore de type Handle Amphora, originaire probablement de la région de Saïda, et remontant au IIe siècle av. J.-C. (fig. 1-MAU.3885). (3)

À côté de ce lot de céramiques homogènes, caractéristiques de la fin de l’époque hellénistique, ont été également exhumés une pierre de forme ovale, munie d’un trou circulaire, et un carreau de dallage en basalte, dont la datation, en l’absence de plus d’éléments d’observation, reste à préciser (fig. 2-MAU.3886 et MAU.3883).

Les céramiques mises au jour dans l’Ermitage Saint-Stéphane sont d’une importance majeure. Cette découverte nous incite à soulever une question fondamentale : comment et pourquoi des céramiques de la fin de la période hellénistique se sont-elles retrouvées dans cette caverne ? Seule une prospection plus poussée, et/ou un sondage plus étendu en surface, précisément sous le carrelage, pourra y apporter une réponse. 

(1) Pour la forme Hayes 22, voir Hayes J. W., 1985, p. 23, pl. III-9 et pour la forme Hayes 4A, voir p. 16. pl. I-9.
(2) Hayes J. W., 2001, p. 146.
(3) Ala’eddine A., 2003, pp. 110-111 et 118.

N° inventaire Description
MAU.3879 Bol. Base annulaire. Pâte calcaire, D.b 6.9 cm ; Ép.b. 0.6 cm ; 6/6 5YR jaune rougeâtre. Vernis rouge craquelé sur les surfaces interne et externe, 5/8 10R rouge.
MAU.3880 Coupe. Profil complet : base annulaire, panse hémisphérique, lèvre droite amincie. Pâte calcaire, D.b. 14 cm, D.o. 27 cm, Ép.b. 1 cm, Ép.l. 0.3 cm ; 8/4 10YR brun très pâle. Vernis rouge brillant sur les surfaces interne et externe, 4/6 10R rouge. Présence d’une bande de double trempage de l’intérieur et de l’extérieur.
MAU.3881 Coupe. Fragment de panse. Pâte calcaire, Ép.p. 0.7 cm ; 8/4 10YR brun très pâle. Vernis rouge brillant sur les surfaces interne et externe, 4/6 10R rouge.
MAU.3882 Coupe. Fragment de panse. Pâte calcaire, Ép.p. 0.7 cm ; 8/4 10YR brun très pâle. Vernis rouge brillant sur les surfaces interne et externe, 4/6 10R rouge.
MAU.3884 Unguentarium. Fragment de base. Pâte sableuse, H.m. 10.85 cm ; 6/6 2.5YR rouge clair, 4/1 7.5YR gris foncé.
MAU.3885 Amphore. Fragment de base. Pâte sableuse, H.m. 6.65 cm ; 5/3 5YR brun rougeâtre, 5/1 7.5YR gris.
MAU.3886 Carreau de dallage. Fragment. Basalte. Ép. 2.4 cm ; couleur noire.
MAU.3883 Pierre de forme ovale, munie d'un trou circulaire. Basalte, D.m. 8.75 cm, Ép. 5 cm ; couleur noire.






















 

 

Bibliographie

Hayes John W., « Sigillate Orientali », in Enciclopedia dell’Arte Antica Classica e Orientale, Atlante delle Forme Ceramiche II, Ceramica Fine Romana nel Bacino Mediterraneo (Tardo Ellenismo e Primo Impero), Rome, Istituto Treccani, 1985, p. 1-96.

Hayes John W., « Les sigillées orientales », in Pierre Lévêque et Jean-Paul Morel (dir.), Céramiques hellénistiques et romaines, III, Paris, Presses Universitaires Franc-Comtoises, 2001, p. 145-160.

Ala’eddine Abdallah, “Hellenistic Stamped Amphorae from Beirut (site code Bey 004)”, Archaeology and History in Lebanon, Issue Seventeen: Spring 2003, p. 109-119.
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